janvier 9, 2025

La montée des tensions géopolitiques en 2023 : qu’est-ce qui est en jeu ?

Par Jean

Origines et facteurs déclencheurs des tensions internationales en 2023

L'année 2023 a été marquée par une intensification des tensions internationales, résultat d'une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. Sur le plan structurel, la redistribution des équilibres de puissance entre grandes puissances — notamment entre les États-Unis, la Chine et la Russie — a renforcé la compétition pour l'influence régionale et globale. Cette rivalité s'est exprimée non seulement par des démonstrations militaires et des postures stratégiques, mais aussi par des guerres d'influence économique, technologique et informationnelle. Le retour à une logique de compétition entre blocs, en rupture avec l'optimisme post‑Guerre froide, a ravivé des lignes de fracture géographiques et idéologiques.

Les facteurs conjoncturels ont exacerbé ces dynamiques. La guerre en Ukraine, débutée en 2022 et poursuivie en 2023, est devenue un catalyseur majeur de tensions internationales. Elle a provoqué une reconfiguration des alliances, des sanctions économiques massives contre la Russie et une hausse des dépenses militaires dans plusieurs pays européens. Parallèlement, les tensions en mer de Chine méridionale et autour de Taïwan se sont amplifiées, alimentées par des exercices militaires, des survols aériens et des incidents navals qui ont augmenté le risque d'escalade accidentelle.

D'autres éléments ont contribué : la compétition pour les ressources naturelles (énergie, minéraux stratégiques) dans un contexte de transition énergétique, et la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement révélé par la pandémie de COVID‑19. Ces pressions économiques ont souvent été instrumentalisées dans des stratégies de coercition économique ou de sanctions ciblées, transformant des enjeux commerciaux en outils de pression géopolitique.

La montée des nationalismes et des politiques intérieures sécuritaires a également joué un rôle. Dans plusieurs démocraties, des dirigeants ont adopté des discours plus assertifs, jouant sur la sécurité nationale pour légitimer des politiques extérieures agressives. Enfin, la course technologique (5G, intelligence artificielle, cybersécurité) s'est superposée aux rivalités classiques, faisant de la maîtrise des technologies un enjeu stratégique susceptible d'alimenter de nouveaux foyers de tensions.

Ces causes croisées expliquent pourquoi la géopolitique en 2023 n'était pas seulement l'apanage d'affrontements militaires directs : il s'agissait d'un affrontement multidimensionnel combinant diplomatie, économie, technologie et puissance militaire, avec des risques de contagion à d'autres régions et des conséquences à long terme sur l'ordre international.

Acteurs, zones de conflit et formes des conflicts mondiaux en 2023

En 2023, les conflicts mondiaux ont pris des formes variées, impliquant une diversité d'acteurs étatiques et non étatiques. Les principaux États‑acteurs restant au centre de l'attention ont été la Russie, la Chine et les États‑Unis, mais les dynamiques régionales ont aussi vu l'émergence ou la consolidation d'acteurs tels que l'Iran, la Turquie, l'Inde et des puissances régionales africaines. Ces États ont employé une gamme d'instruments — militaires, économiques et diplomatiques — pour défendre leurs intérêts et étendre leur influence.

La guerre en Ukraine a représenté le théâtre le plus visible des tensions internationales, avec des combats persistants, un soutien occidental significatif à Kyiv et des répercussions mondiales. Ce conflit a illustré l'interconnexion entre sanctions, transferts d'armes, opérations d'information et rivalités énergétiques. En Asie, la mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan sont restés des points chauds : la montée en puissance militaire de la Chine, ses revendications territoriales et les réactions des pays riverains — soutenus par des patrouilles et des exercices impliquant les États‑Unis et leurs alliés — ont accru le risque d'incidents.

Le Moyen‑Orient a, quant à lui, connu des tensions persistantes entre acteurs étatiques et forces non étatiques. Les confrontations par procuration en Syrie et au Yémen, ainsi que les confrontations maritimes et les attaques ciblées dans le Golfe, ont illustré une guerre d'influence prolongée. L'Iran a continué à jouer un rôle central, en soutenant des alliés régionaux et en cherchant à contourner les sanctions, tandis que des États arabes et Israël ont recalibré leurs stratégies, parfois via des rapprochements diplomatiques tactiques.

L'Afrique a été le théâtre d'instabilités locales et d'un jeu d'influence accru : les puissances extérieures, y compris la Chine et la Russie, ont intensifié leurs engagements économiques et militaires, souvent via des contrats miniers, des formations militaires ou des sociétés privées de sécurité. Ces interventions ont parfois exacerbé des tensions internes et fragilisé davantage des États déjà vulnérables.

Enfin, les conflicts mondiaux en 2023 ont pris des formes hybrides : cyberattaques visant des infrastructures critiques, campagnes d'influence et désinformation sur les réseaux sociaux, coercition économique via sanctions ou restrictions d'accès à des technologies essentielles. Cette hybridation a rendu la diplomatie traditionnelle plus complexe, forçant les acteurs à innover dans leurs réponses et à repenser les cadres de coopération internationale pour gérer des crises multidimensionnelles.

Impacts économiques, humanitaires et diplomatiques des tensions de 2023

Les tensions géopolitiques de 2023 ont eu des répercussions profondes sur les plans économique, humanitaire et diplomatique. Sur le plan économique, les conflits et les rivalités ont affecté les marchés de l'énergie, des matières premières et des chaînes d'approvisionnement. Les sanctions massives contre la Russie ont perturbé le commerce de l'énergie et poussé les pays à diversifier leurs approvisionnements. La hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires a alimenté l'inflation mondiale et aggravé la vulnérabilité des économies émergentes, plongeant certaines populations dans des situations de précarité accrue.

Les perturbations des chaînes d'approvisionnement, conjuguées à des politiques de réindustrialisation ou de relocalisation partielle, ont conduit les entreprises à repenser leurs chaînes logistiques. L'accent accru sur la résilience économique a engendré des investissements dans la diversification des sources et dans les stocks stratégiques, mais ces ajustements prennent du temps et s'accompagnent de coûts. Par ailleurs, la course aux technologies stratégiques (semi‑conducteurs, IA, télécommunications) a stimulé des politiques industrielles protectionnistes, augmentant la fragmentation économique internationale.

Sur le plan humanitaire, les conflits armés et les situations de crise ont entraîné un accroissement des déplacements de population, des pertes civiles et une détérioration des conditions de santé et d'accès aux services de base dans les zones affectées. Les populations en Ukraine, en Syrie, au Yémen et dans plusieurs régions africaines ont subi des conséquences directes, mais les effets indirects — hausse des prix, réduction de l'aide internationale, priorisation des ressources militaires — ont aussi fragilisé des communautés non directement impliquées dans les combats.

Diplomatiquement, 2023 a révélé les limites des institutions multilatérales face à des crises complexes. Les Nations unies, l'Organisation mondiale du commerce et d'autres forums ont eu des marges de manœuvre limitées pour résoudre certains conflits ou pour imposer des solutions consensuelles. En parallèle, la diplomatie bilatérale et la diplomatie coercitive (sanctions, pressions économiques) ont été largement utilisées. Des initiatives régionales et des coalitions ad hoc ont parfois permis des réponses plus rapides, mais elles n'ont pas toujours offert de solutions durables.

Enfin, la montée des tensions a poussé de nombreux États à augmenter leurs budgets de défense et à resserrer leurs partenariats sécuritaires, modifiant durablement les priorités budgétaires et politiques. La diplomatie a dû s'adapter à des réalités plus fragmentées, où la négociation classique se mêle désormais à la gestion des risques technologiques, cybernétiques et informationnels. Cette recomposition de la diplomatie et des alliances influencera probablement l'ordre international au‑delà de 2023.